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POTOSI, LA VILLE D'ARGENT

Vendredi 11 Mars : le trajet

Nous testons notre premier bus bolivien et regrettons vite le confort des bus chiliens et argentins. Nous mettons 6H pour faire 220 km de route non asphaltée dans un bus très étroit et secoué, avec certaines odeurs…

Nous faisons un arrêt pipi au bord de la route au milieu des cochons et des lamas. Et pour les pudiques (celles qui ne veulent pas montrer leurs fesses aux voitures qui passent!), elles ont la chance de pouvoir aller derrière un muret haut de 4 briques...



Les boliviennes ne se posent pas toutes ces questions, peu importe où elles se trouvent, si l'envie leur prend, il suffit de lever les jupons, se baisser, se soulager et repartir (la question du PQ ne semble pas leur poser de problème).
Nous sommes vraiment chochotte les françaises...




Malgré ce folklore, durant 6H, on en prend plein la vue, la route est splendide. On traverse des montagnes, des villages aux constructions couleur terre qui se fondent dans la nature, des rios dans lesquelles les femmes font leurs lessives, des champs avec des centaines de lamas et des cultures en terrasses...

Enfin, nous arrivons à POTOSI. Malgré l'impressionnante CERRO RICO (montagne riche) en toile de fond, la ville n'est pas du tout accueillante à première vue, avec une foule oppressante dans les rues.

La coutumière petite note culturelle : Cette cité coloniale de 140 000 habitants est construite à 4090m d'altitude (ce qui en fait la ville la plus haute du monde) et est inscrite au patrimoine mondial de l'Unesco.

      • Au XVIe siècle, Charles Quint découvre la richesse de la colline : l'argent. A l'époque, il y avait assez d'argent pour paver une route à deux voies allant jusqu'à Madrid. Potosi a donc été déclarée « ville impériale » et au XVIIeme siècle, cette ville est aussi riche que Paris et Londres, et elle est la ville la plus peuplée du monde.

      • Aujourd'hui, l'argent est presque épuisé, les mineurs exploitent aussi l'étain et le cuivre. Il y a des milliers d'entrées et 10 000 galeries représentant 500 km dans cette montagne.

      • Dans 5 ans, la mine sera totalement épuisée, les 5000 mineurs seront au chômage et devront partir. La ville sait déjà qu'elle deviendra fantôme à très court terme.


Samedi 12 Mars : Découverte de la ville

Première bonne surprise de Potosi : les restaurants...
Après les 3 jours de désert, nous allons manger dans un très bon restaurant (presque un gastro selon les normes du pays). C'est excellent et très bien présenté et avons eu un repas complet à la carte pour... 8€ par personne! Vive la Bolivie





Seconde bonne surprise : l'architecture du centre-ville... Le centre colonial de style baroque, est très mignon et vraiment propre.







L'architecture est vraiment jolie avec le plus marquant, la cathédrale, le couvent de la Merced avec sa façade rouge (décrépie) ou San Lorenzo avec une façade très travaillée.







L'après-midi, nous allons visiter la MAISON NATIONALE DE LA MONNAIE, le plus grand bâtiment civil colonial des Amériques.
A noter l'importance de l'évènement : Hugues dans un musée...





On peut donc y voir entre autres, des pièces et meubles décoratifs en argent, différentes pièces de monnaie en argent (bien sûr) et les antiques matrices énormes muées par des esclaves puis par des mules, qui servaient à frapper la monnaie jusqu'en 1909.


Dimanche 13 Mars : Le couvent

Comme tous les dimanches dans toutes les villes du monde, les rues sont inanimées et tout est fermé. En zonant dans les rues, nous tombons sur Suska, une tchèque déjà rencontrée à San Pedro, qui voyagera avec nous ensuite, durant une semaine.






L'après-midi, nous allons tous les 3 visiter le COUVENT DES CARMELITES SAINTE-THERESE.






A l'époque, les nobles et les riches familles espagnoles mariaient leur première fille et envoyaient obligatoirement leur seconde fille à 15 ans dans cette prison féminine contre une dot très importante.
A 15 ans, à l'entrée dans le couvent les filles se font couper les cheveux, enlever leurs vêtements et n'auront plus le droit de sortir, ni de voir des personnes extérieures jusqu'à leur mort (règle supprimée en 1972).
Aujourd'hui, elles ne sont plus que 9 et la dot d'entrée représente quand même 6 000 dollars.





En tout cas, l'endroit est totalement restauré et somptueux grâce à toutes les dots. Dans le patio se trouve aussi le pommier le plus vieux de Bolivie, 350 ans.







Lundi 14 Mars : Le jour le plus traumatisant de notre vie!!!

La visite des mines : du tourisme qui fait polémique, curiosité, voyeurisme? Sain ou malsain? Toutes les opinions sont acceptables, nous, nous y allons...
Une envie d'aller voir de plus près l'enfer, de réaliser exactement les conditions de vie en direct et on déculpabilise un peu en apportant des vivres et de la dynamite aux mineurs.





La journée commence sans angoisse mais une fois « déguisés » en mineurs, l'histoire devient moins drôle, un petit malaise commence surtout dans la rue au marché des mineurs au milieu de ceux qui n'y vont pas « que pour voir », mais pour manger!





La visite commence par l'usine. Physiquement, nous ne sommes pas bien non plus, l'altitude ne nous réussi pas.
Puis direction les mines : nous pourrions en faire un article à part tellement nous avons été éprouvés, choqués, troublés... et tellement nous avons à dire, mais nous allons essayer de résumer.



A l'entrée dans les mines, on suit les rails et tout va à peu près bien, mais très vite les galeries sont basses et étroites, la poussière s'intensifie au fur et à mesure que l'on s'enfonce dans les ténèbres, il fait nuit noir (sauf la direction des faibles frontales), on s'enfonce dans la boue jusqu'aux chevilles, et courbés (car on ne tient pas debout) et on entend au loin les bruits atroces de la dynamite qui font vibrer toute la montagne et le corps.



Très vite, nous entendons un wagon au loin. Nous nous rangeons tant bien que mal et une image digne de Germinal passe devant nos yeux. Un mineur court en poussant un wagon chargé. L'homme est ravagé par la vie, les yeux dans le vague, la boule de coca dans la joue.

Nous savons que ces hommes gagnent seulement 100 € par mois, ont une espérance de vie de 45 ans pour les plus chanceux, et seulement entre 2 et 10 ans pour ceux qui travaillent au marteau piqueur (et donc plus vite atteint de la silicose à cause de la poussière).
Contrairement aux touristes, eux n'ont aucune protection.
Tous les matins, avant d'aller travailler ils « ch'allent », c'est à dire qu'ils boivent de l'alcool à 96° et en verse quelques gouttes par terre pour la PACHAMAMA (la mère terre), une offrande pour qu'elle les protège.



L'endroit sent la misère extrême, la tristesse, la saleté, la mort.
Nous, nous ne nous sentons pas bien, avons beaucoup de mal à respirer et nous nous sentons ridicules face à ces hommes courageux, qui nous regardent d'un air interrogatif et ne comprennent pas pourquoi ça ne va pas.




Nous nous arrêtons aussi à EL TIO, le protecteur des mineurs (ayant une tête de diable) qui est leur protecteur à qui ils font régulièrement des offrandes : cigarettes, feuilles de coca...



Nous avançons encore, malgré les foulards sur le nez, l'air est irrespirable et la température grimpe. Le guide nous montre un trou étroit dans le sol dont on ne voit pas la fin.
Nous devons nous y glisser pour aller dans la galerie inférieure. C'en est trop pour nous, nous abandonnons, un mineur nous raccompagne à la sortie.






Cette expérience nous a vraiment bouleversé, l'après-midi nous sommes lessivés.
Le soir , pour un resto, nous retrouvons Lucie et Laurent, un couple de parisiens rencontrés aussi à San Pedro.
La soirée avec eux fût vraiment excellente avec un partage des anecdotes drôles du voyage .

Voilà, le lendemain, nous quittons POTOSI en direction de SUCRE, qui se trouve seulement à 160 km de là (et 3H de bus).
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