PAQUES AVANT PAQUES
Lundi 11 Avril, de Lima, nous décollons pour Santiago (avec un petit sentiment de reculer dans le
voyage...), et le lendemain, nous prenons un second vol pour une durée de 5H en direction de L'ILE
DE PAQUES, appelée officiellement RAPA NUI (« nombril du monde »).
Certains doivent se demander : « ils ne sont pas logiques, pourquoi ils ne sont pas plutôt partis de
Santiago quand ils y étaient, c'est beaucoup plus direct ? ».
Nous sommes bien d'accord mais selon la logique de LAN (la compagnie aérienne nationale du
Chili ayant le monopole sur l'île), le billet d'avion de Lima (avec changement à Santiago) est 3 fois
moins cher qu'en partant de Santiago directement, alors qu'il y a le double de trajet !!!
OU EST SITUEE CETTE ILE?
RAPA NUI est la terre la plus isolée du monde. A 4000 km à l'est, il y a Santiago du Chili et à 4000
km à l'ouest la Polynésie et Tahiti (ce qui explique la forte influence polynésienne et le nombre
important de personnes parlant français).
Il y a 30 ans, l'île ne recevait seulement qu'un bateau de guerre par an pour apporter matériel et
vivres. Aujourd'hui, il y a un avion par jour.
C'est un parfait triangle isocèle de 23 km de base et 12 km de côtés, formé de 3 volcans (de 500m
d'altitude au plus) à chaque angle. Le tout ayant une superficie de 173km².
Aujourd'hui 4000 habitants y vivent et il existe une seule bourgade avec un minuscule port :
HANGA ROA
POURQUOI ON A ADORE CE LIEU?
– Pour ses habitants :
Ils sont détendus, souriants et aimables. Ils disent « Hola » a toutes les personnes croisées en faisant
le « V » avec les doigts. Ils vivent pieds nus, en short ou en paréo. Le tatouage est une culture, ils
ont les cheveux longs et les femmes les agrémentent de fleurs.
Beaucoup se déplacent encore à cheval et on en trouve « garés » un peu partout, sur la plage ou
devant un bar.
A noter aussi le corps de rêve des surfeurs musclés et bronzés. Dommage que les vahinés ne soient
pas à la hauteur...
voilà un petit aperçu pas vraiment typique !!!
– Pour notre petit hôtel :
Seulement 5 bungalows chez l'habitant fait du lieu, un endroit tranquille, avec en plus une pergola
sympa et une vue sur la mer.
– Parce que l'on a pu faire les « kékés » en quad :
Nous avons loué un quad durant tout le séjour, ce qui fût très agréable.
En plus, la police est aussi détendue que le reste des habitants et ils nous font des beaux sourires
quand on les croise sans casque.
– Pour la liberté des animaux :
Parce que la notion de clôtures ne doit pas exister, il n'est pas rare de devoir s'arrêter sur la route car
au milieu, sont installés, des vaches ou des chevaux. Les poules mènent aussi leur vie
tranquillement au centre des restaurants ou à côté de la plage (cf film).
– Pour sa plage de sable blanc et l'eau du Pacifique à 25°:
Rapa Nui ne doit pas être appréhendée comme une île paradisiaque avec des plages dignes des
Caraïbes car avec l'absence de barrière de corail, les vagues frappent violemment les côtes et
forment des falaises jusqu'à 50m de hauteur.
Pourtant au nord, la plage d'ANAKENA est une exception avec son eau turquoise, son sable blanc,
ses cocotiers et pour compléter le tableau, l'ahu NAU NAU constituée de 7 moais dont 4 ont encore
leurs chapeaux intacts.
– Pour ses couchers et levers de soleil exceptionnels :
Nous avons une fois mis le réveil pour aller assister au lever du soleil sur l'AHU TONGARIKI (la
plus grande avec 15 moais élevés dessus) et avons assisté à des couchers de soleil sur l'AHU
TAHAI assez géniaux, surtout celui où nous avons emmené une bouteille de vin blanc.
Ce soir là, plus d'un a envié notre idée et nous a félicité (comme quoi il en faut peu!)
– Pour la carrière RANO RARAKU
Un site exceptionnel, c'est un volcan qui servit de carrière pour sculpter les moais. Aujourd'hui, il y
en a 300, tourné vers la mer, comme gardien du monde. Il y en a tant sur le versant extérieur que
intérieur du volcan, certains ne sont pas achevés.
Un moai mesurant 20m était en cours de fabrication. Il aurait surement jamais pu être transportable
(le plus haut jamais élevé atteint 9M)
Dans cette carrière, il y a un moai très étrange et très différent des autres : il est à genoux et porte
une barbe, il s'appelle TUKUTURI.
– Pour ses énormes tortues de mer de + de 120 ans et 60 kg.
– Pour les repas divins que nous avons mangé :
Quand nous ne nous nourrissions pas de la nourriture de base de l'île qui est l'empanada thonfromage,
le thon, servi dans les assiettes, était succulent et ils ont l'art de la présentation culinaire.
– Et bien sûr, pour tout le mystère et les légendes de cette île avec ses 887 moais achevés ou
non...
ALORS EXISTE-T-IL DU NEGATIF DANS CE PARADIS? OUI :
– Les cafards :
Le soir à la tombée de la nuit, des cafards, gros comme la moitié d'une main, sortent par dizaine et
partout. On ose à peine mettre les pieds par terre.
Une nuit, une bonne vingtaine a été recensée dans la chambre (merci à Hugues d'avoir gardé ce
charmant secret pour lui jusqu'à notre départ).
– D'autres sortes de cafards : les touristes imbus de leur personne
Le tourisme de l'île est vraiment différent de celui que l'on rencontre en majorité durant notre
voyage, dans les hostels.
Il y a beaucoup de femmes refaites (et mal parce que ça se voit!) avec des bijoux clinquants et des
maris qui parlent très mal au personnel, pourtant charmant ici.
Heureusement, grâce au monopole de la compagnie aérienne LAN, le nombre de touristes reste
limité. Seulement 20 000 par an, et les infrastructures sont restées humaines, alors le tourisme
n'enlève rien au charme de l'île.
– Les averses tropicales :
Avril est le début de l'hiver et des averses soudaines et imprévisibles (150mm dans le mois). Ici,
quand il pleut ça ne fait pas semblant. Malgré, les nuages omniprésents et quelques gris menaçants,
nous avons eu la chance de n'avoir jamais été en dessous et d'avoir pu aller à la plage tous les jours,
car le soleil reste violent et la température constante à 25° plus ou moins.
– Un magnétisme étrange :
Loin de nous des idées surnaturelles, mais il est certain qu'il y a quelque chose sur cette île (de
magnétique ou non) qui empêche de dormir...
Malgré une bonne literie et un silence parfait, les nuits ont été longues et le sommeil léger durant
les 8 nuits passées sur l'île.
De retour sur le continent, on a de nouveau dormi comme des masses. Etrange...
– Les tarifs exhorbitants :
Nous n'avions pas été préparé psychologiquement, pourtant l'isolement se paye. Tout est
absolument hors de prix : faire une machine à laver (15 Euros), les souvenirs (un petit moai en bois
sculpté de 30 cm, certes joli mais à 500 Euros), les supermarchés, les resto (aucun plat à moins de
15 Euros)....
– Les supermarchés pas approvisionnés :
Les rayons sont presque vides, le choix est plus que limité et les derniers jours, c'est l'eau en
bouteille qu'on ne trouvait plus (pas de problème pour les sodas, il y a toujours du stock!)
Le seul marché existant est quelques fruits et légumes à acheter directement à l'arrière d'un pick
up,mais la non plus il ne faut pas être exigeant.
Bref, vous comprenez que ce lieu est fascinant, et que nous avons beaucoup à dire.
Ca sent le record de l'article le plus long du calendrier...
Reprenons tranquillement l'histoire de cette île chargée de mystères, qui alimentent les fantasmes de
beaucoup et par conséquent, entraîne nombreuses théories.
En plus des fameux MOAIS (statues) intrigantes, il y a aussi beaucoup de doutes en ce qui concerne
la POPULATION elle même et son origine.
LE MYSTERE DES HABITANTS :
D'où sont-ils venus et quand, personne ne le sait vraiment.
Certaines théories les imaginent descendants des incas de l'Amérique du Sud, grâce à une (ahu)
plateforme construite à la manière du Machu Picchu avec des pierres qui s'imbriquent parfaitement,
mais la plus courante est celle de leur venue de la Polynésie il y a 1500 ans.
Si on leur demande leur avis aujourd'hui ils sont sans conteste Polynésiens. Nous confirmons car ils
en ont bien le profil.
– Les courtes et les longues oreilles
Jusqu'au XVIIè siècle, aucun élément historique précise ce que fût la société pascuane, la tradition
étant orale et il n'y a plus personne pour déchiffrer l'écriture sur les tablettes Rongo Rongo.
Il y aurait eu deux vagues d'immigration : les oreilles courtes et les oreilles longues à qui
appartenaient les moais de pierre. Les courtes oreilles auraient servi d'esclaves dans les carrières
pour les fabriquer.
Les moais auraient été érigés jusqu'en 1680 et à cette époque, il y aurait eu 10 tribus qui se
partageaient l'île tel un gâteau afin que chacun ait accès à la mer.
C'est aussi à cette époque qu'est né le culte de l'homme oiseaux. Celui qui nageait jusqu'à un îlot
(échappant aux requins), récupérait le premier oeuf et le ramenait intact sur l'île après avoir grimpé
une falaise de 50m, pouvait avoir accès aux pouvoirs.
C'est à cette époque aussi qu'il y avait environ 10 000 habitants (beaucoup trop pour une si petite
superficie), la famine apparaît surtout que toute l'île est déforestée et les cocotiers servaient de
rondins pour transporter les moais. Le cannibalisme apparut.
On ne sait trop comment mais les courtes oreilles se rebellèrent et la tradition veut que les
vainqueurs renversent les moais des vaincus et leur arrachent les yeux de corail.
C'est pourquoi, ceux qui sont debouts aujourd'hui sur les plateformes le long de la mer sont des ahu
restaurées.
– L'arrivée des européens :
C'est en 1722 qu'un hollandais découvrit l'île (le jour de Pâques), en 1770, le vice-roi du Pérou en
prend possession et en 1863, c'est la tragédie.
Les péruviens débarquent et prennent une grande partie de la population en esclavage pour les
emmener dans les mines.
Quand le gouvernement français proteste et demande la libération, il est trop tard, 80% sont morts.
Les 15 pascuans qui ont la « chance » de revenir sur leur île ont la variole et la transmettent aux
autres. C'est la fin de la civilisation et les secrets sont enfouis à jamais.
– Quand les pascuans deviennent chiliens
En 1888, le Chili prend officiellement possession de l'île, profitant du peu d'habitants restant (110)
et de leur misère extrême.
Ce sera seulement en 1966 que les Pascuans auront le droit de vote et des papiers d'identité.
LA LEGENDE DES MOAIS ET LA DIVERSITE DES THEORIES
– Pourquoi ont-il été construits?
Pour certains, ils sont édifiés pour appeler les dieux et les délivrer de cette terre isolée. Pour
d'autres, c'était un ordre du chef (l'homme oiseau) pour occuper les hommes, sur cette terre sans
travail, et éviter des rebellions.
– Comment ont-ils été transportés?
Horizontalement ou verticalement, chacun à sa théorie et ses preuves. Une chose est certaine, pour
transporter ces masses de dizaines de tonnes à plus de 10 km, ils ont été roulés sur les troncs.
– Que représente le pukao?
Il s'agit d'une pièce posée sur la tête taillée dans de la roche rouge. Représentent-ils un chapeau ou
un chignon?
– Pourquoi tournent-ils tous les dos à la mer?
Toutes les plateformes sont érigées dans l'axe de la mer et les moais dos à elle.
Il existe une exception pour l'ahu AKIVI représentant les 7 chefs et qui sont les seuls à être élevés
dans les terres et non en bordure de mer et à être face à elle.
– Pourquoi la production des moais a d'un coup cessée?
Est-ce une guerre tribale, l'invasion des européens et des missionnaires ou des éléments naturels tel
un tsunamis?
CONCERNANT LES MOAIS, IL EXISTE QUAND MEME QUELQUES CERTITUDES :
– Les statues personnifient les ancêtres fondateurs de chaque clan.
– Les plateformes (appelées « ahu ») sont sacrées car elles recouvrent les ossements (encore
aujourd'hui)
– Les moais ont été renversés lors d'une guerre tribale, les vainqueurs ayant renversés les
moais des vaincus.
– Les pukaos n'étaient installés sur les têtes qu'une fois le moai élevé sur l'ahu (mais on ne sait
pas comment cette roche d'une dizaine de tonnes pu être installée si haut)
– Ils avaient des yeux en corail, qu'ils ont tous perdu alors qu'ils ont été renversés
Et voilà, après 6 jours sur cette île, nous devions repartir le mardi 19 Avril et avoir notre
correspondance Santiago-Lima le lendemain.
Mais mince alors, LAN nous annonce que notre avion est annulé et que nous devons rester une
journée de plus. Nos 2 avions seront le lendemain et dans la même journée.
Pour la nuit supplémentaire, la compagnie nous paye un bel hôtel avec piscine et le plus grand lit du
monde...
Parfois la vie est bien faite quand même!
Le lendemain, Mercredi 20, nous allons à l'aéroport mais notre avion est en retard. Nous loupons
donc notre connexion à Santiago le soir même et devons y dormir, pour ne prendre un vol que le
lendemain, soit le jeudi 21.
C'est ainsi que nous nous sommes retrouvés à dormir au CROWN PLAZA, une chambre à 600€.
Dommage que notre second avion soit si matinal, nous ne profiterons de ce luxe que 5H car le
réveil est à 4H du matin.
Maintenant, LAN n'a plus de joker, nous ne pouvons plus tolérer un retard de plus, nous devons être
à Lima Jeudi afin de réceptionner copine Céline le Vendredi matin...
Une fois que notre binôme sera devenu trinôme, nous serons prêt pour partir explorer la vallée
sacrée des Incas.
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