LE LAC TITICACA ET SES ILES PERUVIENNES
Lundi 2 Mai, nous profitons de notre journée de libre à PUNO pour visiter la ville et organiser notre
expédition de 2 jours sur le lac.
Puno est certes au bord du lac mais c'est une ville bien moche et sans aucun intérêt.
Il y fait nuit à 17H30 et à 3850m d'altitude, l'amplitude de température est grande, les soirées et
nuits sont glaciales.
Mardi 3 Mai, c'est la journée tant attendue, nous allons naviguer sur le mythique LAC TITICACA.
Pourquoi est-ce si attendu?
Non pas parce qu'il paraît qu'il y a une bonne partie de l'or des incas noyée et que l'on veut partir
explorer les fonds pour devenir riche (quoique!!!) mais plutôt parce que :
• Il est le lac NAVIGABLE le plus haut du monde (et non le lac le plus haut du monde)
• Il est immense (mesure 175km de long et couvre 8340km²),
• Il est profond à certains endroits (peut aller jusqu'à 270m),
• Il est légèrement salé (même formation géologique que le salar d'Uyuni en Bolivie)
• Avec la pureté du ciel et le soleil, les couleurs sont exceptionnelles.
Pourquoi un nom aussi ridicule (on peut l'avouer) pour un si beau lac ?
Titicaca s'écrivait à l'origine TITIKAKA, ce qui signifie « rocher du puma » en langue indigène
(Aymara). Les hommes de la vallée se sont aventurés dans les montagnes et pour se venger les
dieux ont envoyé des pumas pour les dévorer.
Inconsolable, le dieu du soleil pleura 40 jours et le flot de larmes inonda la vallée, ce qui créa le lac.
Quant aux pumas, ils moururent noyés dans le lac et se transformèrent en pierres.
Ben quoi ! Vous en doutez ?
LES ILES FLOTTANTES, LES ILES UROS
Le matin, du port de Puno, nous embarquons en direction des îles flottantes situées dans la
péninsule Capa Chica.
Le bateau avance au milieu des roseaux appelés TOTORA, le soleil tape et le ciel est bleu. C'est
incroyablement beau.
La TOTORA est un roseau flottant qui sert pour construire les îles, les meubles et les bateaux
(appelés balsas). La partie inférieure blanche est tendre et comestible. Ce roseau sert donc aussi de
nourriture aux habitants.
Autre nourriture : la truite arc-en-ciel du lac et le pejerrey, un poisson typique, les canards (élevés
pour) et ils boivent l'eau du lac.
Nous arrivons au milieu des 45 îles (pour 2000 habitants) dont une quinzaine sont ouvertes au
tourisme, le spectacle est unique et fascinant .
Certes ils attendent les touristes, ce qui pourrait en faire un lieu moins authentique. Pourtant, ils sont
souriants et très accueillants. Le plaisir est entier.
Un peu d'histoire (ça faisait longtemps) :
A l'origine, le peuple UROS vivaient sur les côtes boliviennes du lac, mais ils cherchèrent à
échapper à la tribu des INCAS, et construisirent des îles pour se retirer sur l'eau.
Toutefois les sécheresses et la baisse du niveau d'eau les obligèrent à migrer à plusieurs reprises et à
suivre le poisson. Ils emportèrent donc leurs îles avec eux (pratique!)
Ce n'est que récemment que le gouvernement péruvien leur proposa de se rapprocher de Puno pour
profiter de la masse touristique.
Aujourd'hui, il n'y a plus d'Uros, le peuple qui y vit sont les Aymaras.
Quand nous débarquons sur l'île SAMARY (chacune porte un nom), la sensation est bizarre de
marcher sur ces roseaux, le sol est mou.
Après avoir été accueilli par les femmes (les hommes sont au travail à Puno ou à la pêche), on nous
explique d'une manière très ludique la construction des îles, leur culture et on nous fait goûter la
TOTORA (ressemblant à la canne à sucre mais sans le goût de sucre et c'est gorgé d'eau...)
La construction : Les îles font environ 3M d'épaisseur (à cet endroit le lac est profond de 16M) avec
une base immergée formées de racines emmêlées ressemblant à de la terre. Les îles sont elles
mêmes fixée à l'aide de poteau en Eucalyptus.
Ensuite Nora, une femme très gentille nous accueille dans sa modeste maison, la cuisine est une
hutte à part.
Elle nous habille en costumes traditionnels et nous explique que les pompons au bout des nattes (qui
pèsent lourds, Maud peut le confirmer) sont de couleurs pour les célibataires et noirs pour les
femmes mariées.
Ensuite, nous prenons une BALSA, le bateau typique en roseaux, pour naviguer dans le silence le
plus total, entre les îles, au gré de la rame d'un Aymara.
L'ILE D' AMANTANI
Nous reprenons le bateau à moteur pour naviguer 3H en direction d'une île naturelle appelée
AMANTANI. L'ambiance est bonne, le groupe est sympa et nous partageons nos chocolats de
Pâques avec un suisse, un péruvien, un japonais et un couple de hollandais.
Vers midi, nous arrivons sur l'île et nous sommes pris en charge par une famille chez qui nous
resterons jusqu'au lendemain matin.
C'est ainsi que nous faisons la connaissance de CLARA, une vieille dame timide de 75 ans qui ne se
déplace jamais sans son rouet pour filer la laine à longueur de journée.
Elle nous accompagne jusqu'à chez elle. Ca grimpe dur et elle s'en sort mieux que nous à 4000m
d'altitude (les habitants d'ici ont une cage thoracique 20% supérieure à la notre). Elle s'arrête
gentiment et nous attend, le temps que l'on reprenne notre souffle.
En arrivant dans la maison familiale, elle nous présente son mari TORUVIO et sa fille MARUJA,
d'une quarantaine d'année qui vit avec eux. Ses enfants et son mari sont à Puno pour étudier et
travailler).
Notre chambre est sommaire mais propre. Il n'y a pas de chauffage mais il y a 5 couvertures. Il n'y a
pas de salle de bains mais on n'y reste qu'une nuit...
Il est temps de déjeuner, nous entrons dans la cuisine, les femmes préparent le repas. Nous avons
envie de fuir car nous ne faisons pas confiance à nos estomacs sur le coup-là.
Pourtant, tout se passe bien et c'est même très bon.
Une soupe de quinoa suivie d'une galette de fromage accompagnée de riz, de petites pomme de terre
et de OCAS (il s'agit d'un produit très rare qui ne pousse qu'ici, c'est une racine farineuse et sucrée :
succulent).
Nous terminons avec une infusion de Muña, traduit par « menthe sauvage ». Elle ressemble à du
persil mais a une saveur vraiment à part. Elle a les mêmes propriétés que la coca pour l'altitude.
Mais en plus elle est un anticoagulant puissant. Elle permet de conserver les viandes ici 2 ans !!!
C'est aussi grâce à elle que les momies incas sont retrouvées avec le sang liquide après 500 ans.
Des américains ont essayé de l'exporter mais elle ne pousse qu'ici.
La culture de l'île veut que les locaux ne mangent qu'avec une cuillère, assis par terre sans table, le
ramequin dans la main.
Pourtant ils nous font plaisir et même s'ils ne sont pas à l'aise, ils s'assoient avec nous à table, le
ramequin toujours dans la main.
L'après midi, nous grimpons une heure à travers les champs de quinoa et de habas (céréale andine),
jusqu'au temple de la PACHAMAMA au sommet de l'île. Les paysages sont incroyables malgré la
noirceur du ciel.
Une fois par an, tous les habitants de l'île se réunissent au temple emportant de la laine de lama
marron (représentant la terre), de la laine blanche (la pureté), des feuilles de coca (l'alimentation
humaine) et des fœtus de lama (la fertilité).
Ils font brûler le tout et si la flamme fait plus d'un mètre, la PACHAMAMA (la mère-terre) est
contente, et si non, l'histoire ne le dit pas...
Nous redescendons de nuit à la lampe torche et nous dinons de nouveau dans la famille.
Ensuite Maruja nous habille en costumes traditionnels pour partir à une soirée dansante. Hugues
avec juste un poncho et un bonnet s'en sort pas mal.
Les filles, c'est une autre histoire avec l'accumulation de jupons et la chemise mise au dessus de la
polaire que nous n'avons pas voulu quitter ayant vraiment très froid...
De plus, nous devons porter un châle de laine noire (appelé CHUCO) très lourd sur la tête et
seulement posé. Si sur toutes les insulaires, cette pièce reste en place, Maud et Céline n'ont pas
trouvé la technique.
Pourquoi les autochtones sont si belles avec et nous on est si ridicule ???
Maruja nous accompagne à la soirée. Chaque touriste, costumé, est là avec sa famille d'accueil.
Une soirée, qui a priori, nous détestons, c'est révélée très sympa.
Maruja nous montre comment danser sur les rythmes péruviens, l'ambiance est excellente et nous
voilà réchauffés au milieu de cette nuit aux températures négatives.
Maruja venait toujours nous chercher pour danser, nous n'avons pas su déterminer si elle prenait du
plaisir à cette soirée qui sort de l'ordinaire pour elle (les familles ne reçoivent des touristes qu'une
fois par mois, l'accueil tourne au sein des 9 communautés afin d'établir une juste répartition des
deniers) ou si elle était seulement consciencieuse dans sa mission d'accueil...
Après une bonne nuit, un réveil matinal avec un grand soleil et un petit déjeuner composé d'une
infusion de Muña et d'une bonne crêpe, Clara nous raccompagne à l'embarcadère, il y a le petit
marché hebdomadaire et c'est l'heure des « au revoir ».
L'ILE DE TAQUILE
Dans la matinée, nous débarquons sur Taquile. Une autre île hors du temps aux allures
méditerranéennes. Elle est située à 40 km de Puno et ne fait que 5km de long.
Nous grimpons durant 2H un joli sentier côtier (la cime s'élève à 240m au dessus des eaux du lac).
On ne se lasse pas de cette lumière qui reflète sur le lac. Le long, des moutons broutent
tranquillement. C'est splendide et apaisant.
Nous voyons le KANTUTA, une fleur à clochette rouge étant la fleur sacrée des incas et sert aussi
de décoration lors des cérémonies sur l'île (les insulaires de Taquile sont restés près proche de la
culture incas car sont isolés étant à 3H de minimum de bateau de la ville).
Nous sommes étonnés aussi de croiser beaucoup d'hommes de tout âge en train de tricoter dans la
rue. En faite, ils apprennent dés leur plus jeune âge à tricoter leur bonnet car sans cela ils ne peuvent
pas se marier (chercher le rapport!)
Après la visite de ces trois îles exceptionnelles chargées en cultures et coutumes, dans l'après-midi,
nous reprenons le bateau pour rentrer sur Puno. Nous mettrons 4H et profitons du soleil jusqu'au
bout avec des images plein la tête.
Vendredi 6 Mai, au matin, voilà 15 jours que Céline voyage avec nous, le temps passe décidément
très vite et nous la raccompagnons à l'aéroport. Le trinôme redevient binôme.
Pour nous, il reste encore quelques découvertes de ce continent à faire, et après 3 jours de repos sur
Puno, c'est à notre tour de quitter ce Pérou si magique et accueillant (le cœur un peu lourd quand
même) et de partir de nouveau pour la Bolivie, direction COPACABANA qui est une petite ville
située aussi en bord du lac, mais sur l'autre rive.
HASTA LUEGOS LOS AMIGOS
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